Axes thématiques
Axe 1 – Éthique du faire
Artistes et designers se donnent-ils des conditions pour créer des formes nouvelles dans un monde saturé d’objets ? Peut-on formuler ces conditions et en donner des exemples ?
Un monde même surchargé a besoin d’objets nouveaux, qui donnent du sens et une esthétique à l’époque. Quelles règles éthiques ou techniques se donnent les créateur·ice·s ? Quels arbitrages sont à l'œuvre ? On pense bien sûr au respect des normes environnementales et des pratiques de recycling, upcycling, récupération, diminution de matière, à la redevabilité et à la transparence dans l’usage des matières, des énergies et des infrastructures, au low tech, à l’open source, au permacomputing …
On voit aussi des inspirations venues d’un sens de l’intérêt général : la philosophie des commons, le respect de toutes les formes de vie, la sensibilité au territoire et au local, le travail sur les archives et la création dite documentaire, la reconnaissance des vulnérabilités, la dénonciation des discriminations. Ces attitudes et pratiques sont-elles à la source d’une esthétique ? Provoquent-elles des renoncements ? Quelle pensée critique quant aux dépendances aux environnements industriels et économiques, et à la persistance de dominations de fait, à l’embrigadement involontaire de mains invisibles par les infrastructures de la recherche créative au moment même où la création en mûrit la critique ?
recycling, upcycling, récupération, diminution de matière, redevabilité, transparence, énergies, infrastructures, infrastructures, code, algorithme, donnée, low tech, open source, communs, coopérations, intérêt général, local, héritages, archives, documentation, savoirs vernaculaires, vulnérabilités, discriminations, dominations, altérité, care.
Axe 2 – Agentivité de la création
Quelle agentivité caractérise le travail créateur des arts et du design ?
Agir par la création n’est pas simplement dépendant d’un artefact. Intéressons-nous aux dimensions performatives, symboliques, relationnelles, politiques, en amont et en aval de la production. La performativité du graphisme, incorporée dans les conduites routinières, définit sémiotiquement les usages de l’espace et son intelligibilité. Cela joue dans l’expression de l’autorité, par exemple le pouvoir d’une signalétique urbaine, ou en résistance, avec l’objet manifeste, la performance activiste, la portée critique et de contre-pouvoir que peuvent signifier une architecture éphémère, une œuvre numérique, une image. La seule inscription, non fonctionnelle, fabrique un territoire symbolique, et donne forme à l’expérience d’autrui en restituant une présence inter-subjective qui ne passe pas par le langage verbal.
Des artistes œuvrent à un “non-doing” et “non-making”. Ce n’est pas “un rien”. C’est un acte. Il pose le non-faire comme un refus de s’inscrire dans un ordre du monde que l’on désapprouve. Il réagence du “déjà fait” et “déjà là”, archives ou choses. De plus, les pratiques performatives sont adressées. Elles agissent sur les publics. Comment se diffuse leur pouvoir de transformation ? Comment sont-elles réappropriées, détournées, traduites, mises en circulation et en actes ? Les formes performatives apportent-elles une expression adaptée à l’état du monde présent ? En quoi les étudier enrichit-il la compréhension de l’agentivité du travail créateur et de sa création, généralement et spécifiquement aujourd’hui ?
performativité, symbolique, agentivité, œuvrer, relations, politique, artefact, manifesto, non-doing, non-making, agencement, éphémère, activisme, signalétique, lignes d’erre, signe, dessin, nouveaux énonçables, non visible, non connu, appropriation.
Axe 3 – Arts et Industries
Ce que les arts et le design font aux industries. Ce que les nouvelles fabriques font à aux arts et au design.
Que produisent les arts et le design ? Quelles transformations effectives opèrent-ils ? Alors même que les approches créatives s’intéressent aux mutations sociales qu’impose la profondeur des transformations de la vie, l’industrie prépare sa redirection. On donne ici à industrie le sens d’activité humaine industrieuse et tournée vers l’amélioration de la vie. Dans ce sens, aux usines s’ajoutent les micro-fabriques, les fermes, les collectifs artisanaux… Quels rôles de médiation ou d’instigation les métiers des arts, du design, de l’architecture jouent-ils dans la réinvention de la vie sociale, de la vie quotidienne, de la vie de travail, comme d’activités industrielles, scientifiques, artisanales ? On peut penser aux objets, procédés, infrastructures qui répondent à de nouveaux besoins, marchés et normes ; aux apports spéculatifs et imaginatifs des artistes et designers en laboratoire ; aux résidences et incubations, incluant les mondes ruraux et les compagnonnages.
Dans quelles directions évoluent les systèmes de production alternative ? Quel impact ont ces domaines d’activité sur les trajectoires des designers et artistes ? Des recherches sont-elles en cours sur de nouvelles professionnalités ? L’expérience des milieux fait-elle évoluer les artistes et des designers vers la recherche technologique, biotechnologique, écologique, historique et anthropologique, ou tout autant vers l’activisme ?
milieux de vie, industries, redirection, mutations, transformations, médiation, effectivité, artisanat, micro-fabriques, fermes, mondes ruraux, compagnonnages, résidences, incubations, objets, procédés, infrastructures, laboratoires, imagination, trajectoires, professions.
Axe 4 – Infrastructures théoriques
Par infrastructures théoriques, on entend l’apport des savoirs historiques et de la pensée philosophique à la réflexion sur la fabrique (technique) et sur l’agentivité (transformatrice).
Comment sont interprétées dans les écoles d’art et de design les théories esthétiques, de l’architecture ou des techniques ? Dépasse-t-on, dans les enseignements, la quête de références et de modèles peut être exposée aux pièges des analogies ? Sans doute. Comment alors caractériser avec ces appuis le faire contemporain ? S’en trouve-t-il pluralisé, décentré ? Peut-on ainsi aider à mesurer si l’environnement historique actuel le rend singulier ? On peut, symétriquement, se demander si ce faire contemporain apporte des voies de renouvellement à l’esthétique et au domaine Arts et Industries.
Le colloque s’enrichirait également de contributions s’intéressant aux combinatoires interdisciplinaires, par exemple avec les sciences des matériaux, les sciences du vivant ; les sciences écologiques, les sciences de la terre ; l’anthropologie, les sciences politiques et les études critiques du colonialisme et des études de genre en ce premier quart du XXIe siècle.
Dans une approche historique, des études concernant les apports des précédentes interventions des arts et du design dans la critique des industries, en esthétique et dans la recherche formelle, seront aussi attendues. Comment interpréter – et réutiliser au mieux – les appuis pris sur des mouvements, des groupes, des écoles pour en faire quelque chose au présent, alors même que nos circonstances environnementales spécifiques excluent les simples analogies ou la quête de modèles ?
Enfin, quel dialogue existe au sein des écoles, ou dans le cadre des événements de recherche et d’exposition, entre équipes de recherche et étudiant·e·s ?
théorie critique, histoire, futur, avenir, utopies, spéculations, sociétés, apprentissages théoriques, perspectives.